L’éruption prévue de la T Corona Borealis (T CrB) sera probablement l’un des événements astronomiques les plus passionnants de ces dernières années. Oui, mais quand surviendra-t-il ?
T Coronae Borealis est-elle déjà devenue une nova?
T Coronae Borealis n’est pas encore devenue une nova. La date exacte de cette éruption nova est incertaine, avec des prédictions très variées, et le véritable moment ne sera clair que lorsque cela commencera réellement !
Une prévision, basée sur un assombrissement en mars 2023 et une comparaison avec un événement similaire avant l’éruption de 1946, prévoyait que la nova se produirait entre mai et début septembre 2024. => De toute évidence, selon ce modèle, l’explosion de T Coronae Borealis est en retard.
Une autre prévision, utilisant également le modèle d’assombrissement et de brillance observé autour de l’événement nova de 1946, suggère mi-2025 comme le moment le plus probable, bien que l’éruption puisse se produire aussi tôt qu’en avril 2024 ou aussi tard qu’en octobre 2025.
Pendant ce temps, la prévision la plus ancienne de 1946, faite par N.F.H. Knight ou W.M. Lindley, suggérait une éruption quelque part en 2026-27.
Et dans ce dernier cas, on a encore le temps… D’avoir un ciel clair pour l’observer !
Alors, quelle prévision devrions-nous croire?
De toute façon, les astronomes sont d’accord pour dire que la nova se produira bientôt — au moins en termes de chronologies astronomiques — alors maintenant tout ce que nous avons à faire est d’attendre et de voir!
Si elle ressemble à celle de 1946 (soit il y a presque 80 ans), la luminosité de T CrB pourrait passer de V~9,8 à V~1,7 en moins de 24 heures !
Donc : faudra pas la rater, après avoir attendu si longtemps ! ….
A l’inverse, la décroissance pourrait durer ensuite environ 45 jours (ou pas ?). Même si peu de temps après, elle pourrait redescendre rapidement à V~8, elle restera brillante pendant environ un ou deux mois avant de revenir à son état habituel (mécanisme de nova standard).
Donc : on ne sait pas quand, mais la préparation est essentielle, selon la voie que vous empruntez. Soit un simple observation visuelle, soit une observation avec valeur scientifique.
Si vous souhaitez aider à enregistrer cet événement pour sa valeur scientifique, quelques conseils (glanés ici et là, dont le site de l’AVVSO, la référence en la matière).
1) Pendant l’éruption, il faudrait disposer
- d’une photométrie visuelle
- d’une photométrie optique multicolore (toutes les bandes)
- d’une photométrie proche infrarouge (bandes JH)
- Idéalement, une observation spectroscopique à basse ou haute résolution
En raison de la nature rapide et « perturbée » de l’événement, les observateurs photométriques doivent d’observer soit en continu dans un seul filtre photométrique, ou de parcourir autant de filtres photométriques standard que possible mais en maintenant un bon étalonnage identique entre mesures.
Ex : observation avec
- une même paire de jumelle, du même endroit, condition météo proche si possible
- un même télescope de diam/focale, la même CCD type Y (couleur ou mono), durée identique, sensibilité identique, réglages (gain, lum,…) identique. Rem : la « beauté » de l’image n’est pas nécessaire, même défocaliser au besoin.
- Idem que précédant, mais avec un roue à filtre et séquence identique à chaque prise : Ha, OIII, PL, red, green, blue, même durée, même réglage pour chacun
L’essentiel est de détecter la « différence » de jour en jour, donc, il ne faut pas perdre les bases de départ (même instrument, mêmes réglages, même protocole).
2) il faut s’entraîner avant
Une bonne cible pour s’exercer sont les T CrB et l’Alf CrB pour apprendre a manier le matériel dans les bandes concernées et la zone en question.
Les astronomes disposant d’une capacité de « remote » dans l’autre hémisphère sont évidemment particulièrement sollicités pour toute période de non-visibilité pendant une période.
D’abord, la situer
T Crb est indiqué par la « croix »
En 2025 :
Janvier : de 01h à 07h, plein Est
A partir de Février, la période de visibilité va évoluer d’une visibilité à l’aube vers le crépuscule. En fin d’année, elle sera souvent noyée dans la visibilité solaire, ce qui complique son observation. Utilisez Stellarium pour visualiser votre heure idéale.
Lorsque le système entre en éruption, pensez à immédiatement immortaliser l’instant à l’aide d’un appareil photo (peu importe lequel, à ce stade). Pour obtenir les meilleures images, utilisez un trépied ou un autre objet solide pour stabiliser votre appareil photo.
Au minimum, à partir de ce moment, si vous avez l’occasion, faites une simple image chaque soir pour documenter les changements de luminosité du système. Bien que ces images ne soient pas scientifiquement valables en raison de la compression JPEG, elles créeront des souvenirs durables.
Remarque : vous pouvez participez à ce concours si cela vous intéresse.
Observation visuelle
Les observateurs visuels peuvent se préparer via leurs télescopes ou jumelles. Pendant l’éruption, les observateurs visuels doivent recueillir des observations trois à quatre fois par nuit, idéalement espacées d’au moins une heure.
En comparaison, Alf CrB est une binaire à éclipses avec une période de 17 jours et une éclipse de 13 heures d’une profondeur de 0,1 magnitude.
Parvenir à la détecter est de facto un bon exercice.
Observation numérique
Le T CrB présente plusieurs défis aux utilisateurs de capteurs CCD, CMOS et DSLR.
Lorsque l’étoile est à sa luminosité maximale, elle saturera rapidement votre détecteur, des expositions très courtes sont indispensables.
Ces expositions courtes seront affectées par la scintillation atmosphérique, ce qui exige d’empiler de nombreuses images pour ramener l’image à des niveaux acceptables (et estimables).
De plus, trouvez des étoiles d’étalonnage appropriées dans le même champ de vision peut s’avouer rapidement difficile. Donc il faudra des observations alternatives (telescopes en //, lunette guide, etc…) pour produire une photométrie précise.
Avec T CrB supérieure à V~6, on est en poses courtes empilées pour obtenir une exposition efficace d’une durée d’au moins 10 secondes (avec suffisament de réduction de bruit).
Vous devez collecter un minimum de 3, idéalement 5, stack différents pour assurer la robustesse statistique de vos observations.
Si epsilon Crb n’est pas dans votre image avec T CrB, il faudra mieux collecter des images supplémentaires avec les images proches en utilisant les mêmes paramètres d’exposition et de gain que ceux appliqués à T CrB pendant l’éruption.
La réduction astrométrique correctes (dark surtout) est essentielle, et surtout appliquée de manière identique sur toutes les images de comparaison. On utile plutôt des techniques de photométrie différentielle sur tout le ciel plutôt que la photométrie différentielle dans un cadre.
Un document de référence sur la photométrie des variables.
Equipé d’un appareil photo ?
On vous conseille de lire le document dédié à la photométrie DSLR stockée sur le site de l’AVVSO.
Quoi qu’il en soit… Bonne chasse à la Nova… Et à l’instar de Tycho Brahé, laissez votre place dans l’histoire… 🙂